Le transport à moto demarre timidement sur la Côte d’Azur

De l’aéroport de Nice à Cannes, cette alternative au taxi séduit certains hommes d’affaires. Mais peine à prendre son essor.

Grosse cylindrée de 1 200 cm3, un seul siège passager, un casque avec micro intégré, un bagage stocké à l’air libre… Non, vraiment, le deux-roues de Milenko Galo n’a rien d’un taxi. D’ailleurs, ne dites surtout pas « taxi » ! Appellation réservée. Il s’agit là de « transport de personnes à moto ». Une activité originale, mais qui démarre timidement sur la Côte d’Azur.

En 2008, seules deux sociétés du genre étaient référencées à l’aéroport de Nice. Avec le petit dernier, le M4U (« Moto-cab for you ») de Milenko Galo, cela en fait 7… pour à peine plus de motos. Seule Easy-Moov parvient à assurer un service « 7 j/7, 24 h sur 24 ».

Reste que ces motos opèrent sur tout le département, voire au-delà. Et peuvent rendre de fiers services. « L’autre jour, un client francilien a fait son « baptême », de l’aéroport de Nice à Villeneuve-Loubet, rapporte Milenko Galo. Il pleuvait. Il y avait des bouchons. Mais on a mis 20 minutes. Il m’a dit : Sans vous, je n’aurais jamais eu mon rendez-vous ! »

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Source: Club Eco – Groupe Nice Matin – Christophe Cirone

Commentaires

Une réponse à “Le transport à moto demarre timidement sur la Côte d’Azur”

  1. Avatar de Milenko GALO
    Milenko GALO

    CREER SON ENTREPRISE
    DE TRANSPORT DE PERSONNES A MOTO
    SUR LA COTE D’AZUR
    A de nombreuses reprises, des personnes enthousiastes sont venues me « brancher » en disant qu’elles souhaitaient devenir « moto taxi » ; que l’idée est géniale, à Nice ça va cartonner… J’ai même eu des offres de candidatures spontanées, encore récemment par un motard de la Gendarmerie. Je vais essayer de répondre de manière exhaustive ou tout du moins essayer de retranscrire mon vécu après quelques mois d’activité sur la Côte d’Azur et peut-être éviter certaines désillusions…
    L’étude de marché (que je n’avais pas assez approfondie) :
    Contrairement à la capitale, le concept de moto taxi est beaucoup trop novateur, quasi-inconnu du plus grand nombre, sur la Côte. Nous avons le soleil mais toujours quelques années de retard…
    La clientèle
    La clientèle du moto taxi est restreinte. Après avoir écarté : les familles, les personnes âgées (très nombreuses), les voyageurs avec de gros bagages, les gens qui ont peur à moto, ceux qui ne sont jamais montés sur une moto, ceux qui ne peuvent pas, physiquement, monter sur une moto, ceux qui ne savent pas que les motos-taxi existent ou comment elles fonctionnent, les mini-jupes, la crainte pour son brushing… Le nombre de clients potentiels est largement diminué. Il reste donc : le jeune cadre dynamique pressé, avec ses notes de frais remboursées. Mais la crise économique passe aussi par là.
    Le secteur géographique et la démographie
    Le bassin de population est différent de Paris. D’un coté l’Ile de France avec douze millions d’habitants alors que de Menton à Saint-Tropez, c’est un environ un million deux cent mille (dix fois moins).
    Le trafic routier à Paris est saturé toute la journée alors qu’ici c’est seulement aux heures d’entrée et de sortie de bureaux, sauf quelques secteurs limités.
    Comme il fait beau une grande partie de l’année, un grand nombre de d’actifs ont investi dans un deux-roues et l’utilisent au quotidien.
    Les transports en commun
    Les destinations phares sont bien desservies : un bus toutes les trente minutes depuis l’aéroport de Nice vers Cannes et Monaco. Retour avec les mêmes fréquences.
    Les transports en communs sont quasiment gratuits. Ils sont largement subventionnés par le contribuable, via les collectivités locales, au plus grand profit de Véolia et Kéolis…
    Sur son site on peut lire : « Le réseau TAM est le fruit d’une collaboration entre le conseil général et trente sociétés d’exploitation ; c’est aujourd’hui 100 lignes, 250 autocars, 1 800 points d’arrêt et 10 millions d’usagers par an. ».
    « Le transport à la demande » : un bus ne passe pas devant chez vous ? Sur un simple appel, un minibus vient vous chercher… Sur ma communauté d’agglomérations le prestataire gère quotidiennement 300 à 350 appels.
    En accusant le transport de personnes à moto de les ruiner, il me semble que les chauffeurs de taxis se trompent de cible…
    Salons et festivals
    Malgré de nombreuses journées de congrès, salons de classe internationale… Sauf urgence, cette clientèle est quasiment intouchable car les organisateurs mettent à disposition des services de navettes gratuites, voire des limousines. De plus, la plupart des hôtels possèdent un « shuttle service » qui peut prendre jusqu’à huit passagers. Pendant des années, les congressistes se sont plaints des tarifs prohibitifs des taxis sur la Côte d’Azur.
    Les frais divers
    Le commissionnement est une pratique répandue, chez les professionnels du tourisme : agences, concierges, réceptionnistes… Dans un hôtel, une jeune employée m’a demandé, tout haut, devant ses clients : « vous me donnez combien si je vous appelle ? » Un peu de discrétion tout de même !
    Ici tout est payant. L’accès à l’aéroport de Nice (où l’on ne peut pas stationner contrairement aux taxis), les péages…
    La loi du 22 juillet 2009
    Mais le coup fatal vient du législateur. Pour sauver la vie des inconscients qui oseraient monter sur une moto taxi, un groupe de travail a été créé. Il comprend, en plus des pouvoirs publics : les lobbies de taxis, les grosses sociétés de moto-taxi parisienne cotées en bourse, ayant comptoir, centrale de réservation (en oubliant qu’elles ont commencé de manière individuelle). Pour enfin sortir une loi, sur mesure, et dont les contraintes énumérées, ci-dessous, ne peuvent que tuer l’entreprise artisanale :
    (EXTRAITS) CHAPITRE III : TRANSPORT A TITRE ONEREUX DE PERSONNES PAR VEHICULES MOTORISES A DEUX OU TROIS
    ROUES
    III. ― Les véhicules affectés à l’activité mentionnée au I ne peuvent ni stationner, ni circuler sur la voie publique en quête de clients.
    Ils ne peuvent stationner à l’abord des gares et aérogares, dans le respect des règles du code de la route ou des règlements édictes par l’autorité compétente, que si leur conducteur peut justifier d’une réservation préalable.
    IV. ― Le fait de contrevenir au III est puni d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 15 000 €.
    Les personnes physiques coupables de l’infraction prévue au présent article encourent également les peines complémentaires suivantes :
    1° La suspension, pour une durée de cinq ans au plus, du permis de conduire ;
    2° L’immobilisation, pour une durée d’un an au plus, du véhicule qui a servi à commettre l’infraction ;
    3° La confiscation du véhicule qui a servi à commettre l’infraction ;
    4° L’interdiction, pour une durée de cinq ans au plus, d’entrer et de séjourner dans l’enceinte d’une ou plusieurs infrastructures aéroportuaires ou portuaires, d’une gare ferroviaire ou routière, ou de leurs dépendances, sans y avoir été préalablement autorise par les autorités de police territorialement compétentes.
    Par ailleurs, je cite le 1er vice-président de la chambre des métiers et de l’artisanat des A.-M., et lui-même taxi : « ces motards sont obligés de stationner au siège de leur entreprise et non sur la voie publique ».
    Donc, en résumé, pour transporter des personnes à moto, je dois rester chez moi et attendre qu’une réservation tombe du ciel…
    Les relations extérieures
    Quand je distribue des flyers aux abords d’un salon pour montrer que mon activité existe (ma moto étant ma vitrine, mon fond de commerce), les forces de l’ordre me font dégager. Devinez un peu qui leur a demandé d’intervenir ? Les taxis, par téléphone. Que penseraient nos élus s’ils savaient que leurs agents de police étaient utilisés pour défendre le pain des chauffeurs de taxis plutôt que la veuve et l’orphelin ?
    A l’aéroport de Nice aucune signalétique pour indiquer que le service existe. L’office du tourisme de Nice refuse de mentionner les moto-taxis par crainte de représailles.
    Attention aussi aux fausses réservations qui risquent de vous faire poireauter un bon moment devant une adresse fantaisiste et rappeler un faux numéro de téléphone. Farce, jalousie ?
    Le quotidien
    Par contre, à peine immatriculé au registre des sociétés, avant même d’avoir démarché ni transporté le moindre client, je suis harcelé de propositions commerciales, publicitaires, d’inscriptions diverses, de facturation bidon, de complémentaire retraite, d’assurances… mais ceci est le lot de toute entreprise qui démarre et pas seulement réservé au moto taxi.
    Quiproquo, protectionnisme ?
    Au fait, l’appellation « taxi » est réservée aux voitures, même si je le suis pour mes assureurs, le RSI, ma caisse de retraite, mon code APE, les impôts, mes clients…
    Quand je me présente comme « transport de personnes à moto » ou « moto avec chauffeur », les gens me disent : « mais vous êtes moto taxi, j’ai vu ça à la télé ! ».
    Autre conseil. N’utilisez-pas « motocab » ! Si cette appellation est utilisée des Philippines au Venezuela, dans tous les pays anglo-saxons, ce nom est protégé en France. Menacé de procès par une société homonyme de Paris, ce sont des mois de travail de promotion, qui sont réduits à peau de chagrin.
    Quelques chiffres
    Environ 10 000 flyers et 800 cartes de visite distribués, des centaines d’entreprises démarchées en direct, contactées par e-mail, courrier postal (aucune réponse), des articles dans la presse (aucune retombée), l’insertion dans les « pages jaunes » (aucun appel), un site web (2 réservations), ma présence sur tous les salons de Cannes, Nice, Monaco, Sophia-Antipolis, Mandelieu, aidé par un automne exceptionnellement clément, 6500 km parcourus, 15 000 euros dépensés (hors moto), des charges mensuelles d’environ 1 500 €… Les recettes que j’espérait faire en trois jours d’activité ont été réalisées en quatre mois.
    En conclusion
    Si vous voulez devenir un aventurier du XXIème siècle, sans peur du lendemain, mettez-vous à votre compte, surtout ne comptez que sur vous-même, devenez moto taxi sur la Côte… si vous êtes rentier. Je vous laisse ma place.
    Milenko GALO, M4U (ex MOTO-CAB FOR YOU)
    06 26 33 39 37